Bruxelles (UE) de notre correspondant
Ce fut le plus formidable bras de fer depuis le lancement de l'euro en 1999. Les douze gouvernements de la zone euro, unanimes pour une fois, appuyés par les institutions financières internationales, du FMI à l'OCDE, la Commission européenne, les organisations patronales et syndicales et la plupart des économistes, ont tenté deux mois durant de dissuader la Banque centrale européenne (BCE) d'augmenter ses taux d'intérêt afin de ne pas contrarier la fragile reprise de la croissance. En vain : sauf immense surprise, le Conseil des gouverneurs de l'institut de Francfort, qui se réunit ce matin, devrait décider de faire passer son principal taux directeur, le Refi, de 2 % à 2,25 %, afin de lutter contre une flambée de l'inflation qu'elle est bien la seule à voir. La BCE justifiera ainsi l'adage qui veut que les banquiers centraux sont comme les blancs d'oeuf : plus on les bat, plus ils durcissent...
Douche froide. Inquiète de la flambée du prix du pétrole, la BCE a commencé à envoyer des signaux en début d'année. Le 3 mars, Jean-Claude Trichet, son président, déclare que «tout le monde sait que nous devrons un jour augmenter les taux. Ceci est anticipé par tous les observateurs». Une douche froide pour plusieurs gouvernements qui espéraient encore une baisse des taux afin de booster une croissance anémiée. Durant l'été, la conviction des gouverneurs des banques centrales de la zone euro se fortifie : l'inflation, après avoir été contenue à 2,1