Saint-Dizier envoyée spéciale.
La fumée noire des palettes et des pneus qui brûlent flotte jusqu'à la route nationale. Plus haut, une file de camions bloqués témoigne de l'ampleur de la journée de mobilisation qui a touché Saint-Dizier dès 8 heures du matin vendredi. Aux points stratégiques d'entrée dans la ville, les salariés de la fonderie FBMA et du fabricant de tracteurs McCormick rentrent la tête dans les épaules pour résister à la pluie glacée qui tombe et empêchent les véhicules de passer. Un temps d'enterrement idéal pour faire comprendre aux élus locaux, aux salariés des autres entreprises de la ville, aux habitants et aux automobilistes de passage que la situation très grave de l'emploi pourrait bien devenir désespérée. «Et la colère est la soeur de la désespérance», note presque menaçant Jean-Marie Louveau, le secrétaire CFDT du CE de McCormick. En quelques semaines, les deux entreprises se sont retrouvées devant le tribunal de commerce de la ville pour déposer le bilan. Menaçant, dans le cas de la fonderie, un tiers des effectifs (environ 175 salariés). Dans le cas des machines agricoles, plus de 200 emplois sur 700. Sans plan social valable, sans indemnités de départ, ni possibilités d'aménager des préretraites pour amortir le choc. Un tel séisme dans un bassin d'emploi largement sinistré que les élus locaux essaient de se montrer à la hauteur.
«Indigne». Au moment du blocus, une table ronde oecuménique rassemble , dans l'ancien dancing de la ville, le député mair