Tokyo de notre correspondant
Les Japonais sont-ils chez eux en lieu sûr ? Leurs habitations sont-elles des bastions antisismiques comme ils le croient ? Rien n'est moins sûr depuis qu'un scandale a éclaté il y a dix jours. Un architecte japonais, Hidetsugu Aneha, a reconnu avoir falsifié, pour «casser les coûts de construction», les données antisismiques d'une quinzaine de résidences de luxe construites à Kawasaki, dans la banlieue ouest de Tokyo, secouée fréquemment, comme ailleurs au Japon, par des tremblements de terre. Cette affaire éclabousse tous les partenaires de l'architecte tombé aux mains de la justice : les sociétés de construction, les entrepreneurs chargés des contrôles de sécurité, la municipalité et les promoteurs immobiliers. L'affaire révèle aussi l'opacité extrême des secteurs de la construction au Japon. Aux mains de puissants et richissimes cartels, dont certains sont liés à la mafia (yakusa), il échappe en partie au contrôle de l'Etat et des villes.
Les défauts structurels des bâtiments sont tels que, d'après le gouvernement nippon, «ils ne résisteraient pas à une secousse tellurique de 5 sur l'échelle japonaise [mesurée jusqu'à 10]» (1). Résultat : les milliers de résidents dépités, nouveaux SDF, sont contraints de déménager avant la mi-décembre. Hier, le porte-parole du gouvernement, Shinzo Abe, a promis de leur venir en aide. Quant au ministère de l'Aménagement et du Territoire, il gérera l'ardoise salée du coût de la destruction des immeubles défectue