L'agriculture, qui déchire les Etats à l'OMC, divise-t-elle aussi les réseaux de solidarité ? En caricaturant, il y aurait, d'un côté, les ONG jugées libérales, telle Oxfam, pour qui le salut du développement passerait par le libre-échange ; de l'autre, les ONG régulationnistes qui plaident pour de nécessaires protections. A l'image d'Action Aid qui publie un rapport sur «le droit des pays à se protéger». Histoire de rappeler, estime Alexander Pollack de l'ONG britannique, «qu'il faut défendre le droit des plus démunis à rétablir des barrières tarifaires» ; que «le rôle des Etats, démantelés au Sud par les plans d'ajustements structurels, est essentiel» ; ou qu'il «faut arrêter de mettre en concurrence des pays aux niveaux de développement différents.»
De son côté, Oxfam met davantage l'accent sur l'iniquité des échanges mondiaux dans son rapport publié le 30 novembre avec le gouvernement britannique , insistant sur «l'illégalité de 13 milliards d'euros de subventions agricoles européennes et américaines». Fustigeant les «250 millions d'euros versés par Bruxelles à l'industrie du jus de fruit» italienne ou espagnole, qui entraînent un manque à gagner de «40 millions pour les producteurs du Brésil, de l'Argentine du Costa Rica ou d'Afrique du Sud».
Ces positions agacent Henri Rouillé d'Orfeuil, de la Coordination Sud : «Oxfam veut croire, à l'instar de la Banque mondiale, que plus de justice commerciale passe par plus de libéralisation et s'arc-boute sur la seule question de