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Le CDI au menu McDo

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publié le 5 décembre 2005 à 4h49

Deux jeunes filles sont devant un écran plat d'ordinateur, on les imagine dans une bibliothèque. Il y a la Beurette et la Française «de souche», histoire de rappeler que McDo a toujours embauché Black-Blanc-Beur. La Beurette cherche un boulot. «CDD, CDD, CDD, c'est déprimant», se lamente-t-elle. Sa copine, qui, elle, a trouvé un vrai boulot, essaie de la réconforter : «Attends, c'est pas la mort, il faut un début à tout.» Elle lui fait part de son expérience, car elle aussi est passée par là, «plein de fois», et le mieux c'est qu'elle trouve ça normal. Et que vive la précarité. «Mais tu délires !» lui répond sa copine. «Attends, un taf c'est un taf, t'es pas obligée d'y passer ta vie.» D'autant plus vrai chez McDo qu'ailleurs : la chaîne enregistre, sur Paris, un turnover de 93 % pour les équipiers (130 % en 2002). Seuls 10 % des étudiants qui ont bossé chez McDo choisissent d'ailleurs de poursuivre leur carrière chez le roi du hamburger.

Mais la Beurette persiste. Toujours pas convaincue par sa copine briseuse de rêve, elle espère encore dégoter un CDI. «Les CDD à répétition, c'est pas ce qu'on recherche.» Sa copine donne le coup de grâce : «Evidemment, les CDI, c'est le rêve !» Elle marque un temps d'arrêt pour mieux enterrer les désirs de stabilité de sa copine : «Mais c'est rare !» De la détresse se lit dans le regard de la Beurette. Un monde s'effondre. Elle va devoir se faire une raison. «Le rêve a juste changé d'adresse», conclut la raisonnable. Autrement dit, la chanc