En décollant hier après-midi de Nice pour la Slovaquie, l'avion du Premier ministre chinois, Wen Jiabao, laisse derrière lui beaucoup de patrons français comblés. Même si le dossier textile a été diplomatiquement snobé (Libération du 6 décembre), l'aéronautique, l'aérospatial et le nucléaire ont été à la fête. La mise en scène du voyage a certes été orchestrée au millimètre autour de l'énorme commande des 150 Airbus 320. Mais la coulisse, elle, a été le lieu de négociations autour du nucléaire.
On a surtout parlé du mégacontrat (environ 8 milliards de dollars) des quatre réacteurs de troisième génération. A commencer par Jacques Chirac. «Il en a fait une priorité», assure un proche du dossier. D'autant que le vainqueur de cet appel d'offres a de grandes chances de devenir l'unique partenaire technologique des Chinois en vue de développer leur parc nucléaire.
Aujourd'hui, outre une offre russe, le français Areva (et son EPR) se retrouve nez à nez avec l'américain Westinghouse. L'affaire semblait plutôt bien emmanchée pour le français. Après avoir rendu sa copie en février (plusieurs bottins techniques de 70 000 pages), Areva pensait que son EPR déjà acheté par la Finlande et EDF disposait d'un vrai coup d'avance sur la technologie des Américains, qui n'a pas encore fait ses preuves. Mais en octobre, après la visite de Bush à Pékin, le climat change. Le bureau chinois d'Areva s'inquiète d'une campagne d'intoxication sur le thème : «l'offre française est trop chère». Puis Pék