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Libération

Les rizières de la colère

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publié le 8 décembre 2005 à 4h52

Tokyo de notre correspondant

Chung Yong-bum avait 38 ans. Quelques jours avant le 13e Forum de coopération économique Asie-Pasifique (Apec), qui s'est tenu du 17 au 20 novembre à Pusan, dans le sud-ouest de la Corée, cet agriculteur coréen s'est suicidé en avalant un flacon d'herbicide. Chung Yong-bum ne travaillait pas seulement la terre. Il était aussi le jeune maire d'Inam, village de 100 habitants, à cent kilomètres de Pusan. Et un ardent défenseur de la cause paysanne.

Comme Lee Kyung-hae, cet agriculteur de 56 ans qui s'était donné la mort le l0 septembre 2003 durant le sommet de l'OMC à Cancún (Mexique), Chung a voulu, en se suicidant, protester contre l'ouverture du marché coréen aux produits agricoles étrangers. Opposé à la réduction annoncée des barrières douanières qui taxent actuellement les importations de riz à 600 %, il défendait la production locale et revendiquait le droit à la souveraineté alimentaire. Avant de se donner la mort, il a laissé une note. «Le gouvernement coréen doit définir des politiques réalistes pour le marché du riz. J'exprime l'espoir que mon pays devienne une société où ceux qui travaillent dur soient mieux respectés.» En Corée, l'agriculture est devenue le parent pauvre de la dixième économie du monde. Sa main-d'oeuvre a chuté à 9 %. Contre 45 % à la fin des années 80.

Martyr honoré. Depuis un mois, dans les rizières coréennes, et parmi les 3,5 millions de fermiers et agriculteurs (pour 48 millions d'habitants), Chung Yong-bum est honoré c