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Libération
Interview

Quel est l'envers du miracle chinois?

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publié le 10 décembre 2005 à 4h54

«Ce que l'on pouvait redouter avec l'entrée de la Chine dans l'OMC. Dans un rapport publié vendredi (1), on démontre que la quête de compétitivité et de rendement a poussé les autorités à exercer une pression accrue sur une main-d'oeuvre parfois proche de l'esclavage. Des semaines de 70 heures, des dortoirs jusqu'à 20 personnes, des salaires minimums de 44 dollars mensuels. L'entrée dans l'OMC a servi d'accélérateur à une situation que nous dénoncions, ainsi que l'Organisation internationale du travail, depuis des années : pas de syndicats libres, pas de droit de grève, des discriminations galopantes. Une micro-élite s'est enrichie de façon hallucinante. Sur le demi-million d'entreprises privées créées en Chine depuis vingt ans, seule une infime portion a des conditions décentes. Dans le même temps, 60 millions de Chinois ont perdu leur emploi dans des entreprises d'Etat (et, avec, l'accès aux soins, au logement, aux indemnités chômage) et seuls 10 % ont retrouvé un job au rabais dans l'année. La Chine d'aujourd'hui, c'est le triomphe des inégalités sociales et, d'une région à l'autre, des écarts de revenus par habitant de 1 à 15 ! D'où la multiplication des grèves, des jacqueries que les facteurs externes (hausse du coût des matières premières, réévaluation du yuan) ne font qu'exacerber. La Chine a adopté un capitalisme casino, un turbocapitalisme sans frein, où s'enrichir est le seul leitmotiv. Où le démantèlement des services publics, l'exploitation de l'environnement tra