Il est une figure incontournable d'un certain imaginaire social hexagonal : l'agent SNCF, campé en jean-foutre, toujours en grève et surpayé. Pour la première fois, la direction de l'entreprise s'est aventurée sur le terrain glissant de la dénonciation des privilèges cheminots (lire ci-contre). Sud Rail s'en est ému, déplorant hier dans un communiqué que la direction vienne à son tour «alimenter les préjugés sur les cheminots en flirtant avec la calomnie». Coïncidence malheureuse, cette attaque tombe au moment où une énième campagne anti-SNCF bondit de mail en mail sur le Net (Libération d'hier). Après publication d'un article sur ladite campagne, Libération a reçu hier un tombereau de réactions, qui, loin de s'apitoyer sur les cheminots «diffamés», en remettent volontiers une couche et permettent de mesurer la force des clichés attachés à l'entreprise ferroviaire.
Il y a les opposants de principe : «Qu'est-ce que ça fait plaisir de voir les cheminots emmerdés par des mensonges, eux qui nous pourrissent la vie à longueur d'année avec leurs revendications fallacieuses.» Mais les plus étonnants sont ceux qui, en toute sincérité, demandent que soit enfin levé le supposé voile sur les réalités cheminotes : «Ne serait-il pas possible d'avoir enfin une véritable transparence et la publication de deux ou trois bulletins de salaires types, anonymes mais montrant ce qu'il en est de la rémunération ainsi que les durées réelles de temps de travail. En ne le faisant pas, la SNCF laisse s