Hongkong envoyé spécial
Hier, le «Cotton Day» au Jockey Club de Hongkong avait des allures de retour vers le passé. Un parfum d'héritage colonialiste suinte encore de l'enceinte des champs de course. Et l'empreinte d'une «injustice historique», selon un délégué malien, pèse dans une atmosphère pourtant ouatée. Des représentants des producteurs de coton, invités par des ONG, racontent le désespoir de 20 millions de paysans africains. Ils décrivent le cours de l'or blanc qui a connu, depuis 2001, la chute libre la plus féroce en prix constant depuis 1973. Ils rappellent l'impact dévastateur des subventions, à commencer par celles des Etats-Unis : 4,2 milliards de dollars à ses 25 000 cotonniers. Un ministre confie : «L'Afrique perd 450 millions de dollars par an. Si on n'obtient rien de concret, Hongkong sera un nouvel échec. Si c'est le statu quo, on ne pourra même pas descendre de notre avion du retour...» Pourtant, depuis Cancún en 2003 deux ans après un premier cri d'alarme du Burkina Faso, du Bénin, du Mali et de Madagascar , la crise cotonnière est de toutes les grand-messes du développement. Et, en mars, l'OMC a tranché en faveur du Brésil et de quatre pays d'Afrique de l'Ouest dans un conflit contre les Etats-Unis. «Mais à chaque fois, raconte Samuel Amehou, ambassadeur du Bénin à l'OMC, c'est la même histoire. On est pris en otage par Washington et Bruxelles qui ne veulent pas mettre fin à leurs subventions. Et quand deux éléphants se battent c'est l'herbe qui souff