(à Hongkong)
«La position du gouvernement français sur l'agriculture est non tenable, et suicidaire. En se cabrant sur la défense de la politique agricole commune (PAC), la France donne le sentiment de coller aux revendications productivistes du syndicat FNSEA, loin des discours tiers-mondistes de Chirac à l'étranger. Or, la PAC est doublement illégitime : à l'intérieur des frontières européennes, mais aussi vis-à-vis des pays en développement. Dans les deux cas, elle marginalise les paysans les plus démunis. La PAC, c'est 80 % de l'argent à 20 % de grands paysans. C'est la plus mauvaise façon de défendre l'idée que nous soutenons de certaines aides à l'agriculture. Oui, aux soutiens internes qui n'ont pas d'effet sur les exportations. Non, à toutes les autres formes de subventions qui déstabilisent les prix sur les marchés mondiaux. En 2003, la réforme de la PAC, qui a "découplé" les subventions des niveaux de production, n'a pas empêché l'UE de continuer à exporter à l'aide de subventions qui pénalisent les agriculteurs des pays pauvres. Le plus étrange, c'est la récupération du langage altermondialiste par nos dirigeants sur l'agriculture pour couvrir une réalité à l'opposé de ce que l'on défend. A les entendre, l'agriculture n'est pas une marchandise comme les autres. Ils évoquent même le concept de souveraineté alimentaire. Or cette récupération des mots est dangereuse, car elle va à l'opposé de notre vision d'une agriculture qui doit faire vivre 55 % des actifs dans