Hongkong envoyé spécial
«Un travail décent. Une vie décente.» C'était l'intitulé d'un forum, organisé hier par la Confédération internationale des syndicats libres (CISL). C'était aussi, selon son secrétaire général, Guy Ryder, la promesse de l'Organisation mondiale du commerce... il y a dix ans. «Il manque toujours un visage humain de la mondialisation. On voit en revanche gonfler les profits des grandes firmes.» Poul Rasmussen, président du Parti socialiste européen, est remonté : «L'OMC ne mène pas au compromis. La preuve : je ne peux pas dire à des ouvriers européens qu'ils perdent du boulot pour que d'autres soient mieux payés au Sud.» Un syndicaliste du Bangladesh : «On nous dit qu'on s'en sort malgré la fin des quotas textile. Oui, mais sur le dos des travailleurs !» Une Congolaise : «Chez nous, c'est la déshumanisation du travail, la multiplication des zones franches d'exportation, des zones de non-droit.»
Invité, Pascal Lamy, directeur général de l'OMC, acquiesce souvent. Il vient faire la promotion de son «consensus de Genève» (Libération d'hier) en vertu duquel le commerce seul ne «suffit pas». Rappelle que si les normes sociales sont passées à la trappe, c'est faute d'accord, jusque-là, entre les pays du Sud. Et appelle les syndicats à se «battre et à faire pression» sur leurs gouvernements. Seul bémol : «Non, Guy Ryder, dit-il. L'ouverture au commerce crée plus d'emploi qu'il n'en détruit.» «Tout dépend, confie Guy Ryder après coup, de quel emploi on parle. Si c'e