Moscou de notre correspondante
Ironiquement, le patron de Gazprom a choisi la nouvelle chaîne de télévision russe, Russia Today, créée afin d'«améliorer l'image de la Russie à l'étranger», pour lancer son ultimatum à l'Ukraine : si Kiev ne signe pas son contrat de livraison de gaz d'ici au 1er janvier, aux conditions voulues par Moscou, «Gazprom n'aura plus de raisons de livrer du gaz sur le territoire ukrainien», a lancé Alexeï Miller mardi soir. Sont en jeu l'approvisionnement de l'Ukraine, mais aussi celui de toute l'Europe occidentale puisque 80 % des livraisons de Gazprom à l'Union européenne transitent par l'Ukraine.
Le fond du problème est l'indépendance que se permet Kiev vis-à-vis de Moscou depuis la «révolution orange» de l'hiver dernier : le Kremlin, qui contrôle étroitement Gazprom, a décidé de faire payer à Kiev le prix de son émancipation et de relever brusquement ses prix du gaz. Gazprom réclame au moins 160 dollars les 1 000 m3 à compter du 1er janvier, contre 50 actuellement. Le président ukrainien Victor Iouchtchenko a répondu que son pays est «prêt à régler son gaz aux prix du marché, mais après une période d'adaptation graduelle». Sa position est étayée par le fait que l'Ukraine n'achète que 29 % de son gaz à la Russie son premier fournisseur est le Turkménistan. En rétorsion, Gazprom a fait savoir hier que Kiev a «laissé passer sa chance durant les neuf mois de négociation déjà écoulés» et que le prix qui lui sera appliqué l'an prochain ne sera même plus