Hongkong envoyé spécial
La géopolitique du commerce mondial a ses grands champs de bataille, à l'image de l'agriculture. Mais aussi ses petites guéguerres. Prenez l'aide alimentaire aux pays pauvres. Depuis mardi, Union européenne et Etats-Unis se bastonnent sur le sujet à coups de communiqués ; la première accusant les seconds de «distorsions commerciales» via l'achat à ses producteurs des excédents exportés à des fins «humanitaires». Mardi, en découvrant le Financial Times, Peter Mandelson, commissaire européen au Commerce, a frôlé la crise de nerf... Il a trouvé «shocking» une pub du PAM (Programme alimentaire mondial, présidé et financé majoritairement par les Etats-Unis) où, sous une photo de quatre enfants en sous-nutrition, il était écrit : «Pourquoi l'OMC veut-elle leur enlever la nourriture de la bouche ?»
Cash. Taxée d'immobilisme agricole, l'UE s'est donc fait un plaisir de «bouger» les Etats-Unis. Et de rappeler, selon elle, que l'aide en nature des Etats-Unis aux pays pauvres (constituée de 20 % de blé et de riz, et de 50 % de lait en poudre) ne doit pas servir «d'alibi» pour aider ses agriculteurs. L'Europe pense avoir le dessus sur ce sujet : elle ne verse, depuis 1996, que du cash, qui sert à acheter des produits locaux, préservant ainsi «la souveraineté alimentaire» des pays receveurs. «Les statistiques sont édifiantes : quand le secteur américain de l'agrobusiness du blé ou riz accumule des excédents, il court voir le ministère du Commerce, qui demande au min