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Libération

Bras de fer entre Arcelor et Thyssen

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Le groupe luxembourgeois a renchéri sur l'offre de l'allemand pour acquérir une entreprise canadienne.
publié le 24 décembre 2005 à 5h07

Imaginons que nous sommes le 24 décembre 1985. Le réveillon touche à sa fin. Légèrement pinté, vous montez alors sur votre chaise et vous déclarez à une assemblée médusée : «Vive l'industrie sidérurgique européenne !» Et de pronostiquer que dans vingt ans cette industrie moribonde vivra de nouvelles années de gloire. Tout le monde vous prend pour un fou, et vous presse de parier des sommes faramineuses. Inconscient, vous vous exécutez. Vingt ans plus tard, vous réunissez, ce soir, la même assemblée, pour solder les comptes. Vous allez devenir riche.

Car aujourd'hui nous voilà en pleine bataille boursière entre Arcelor, numéro 2 mondial, et l'allemand ThyssenKrupp (numéro 10 de la profession) pour s'emparer de Dofasco. Un petit mais très rentable sidérurgiste canadien qui présente un double avantage : la propriété d'une mine de fer et un accès aux constructeurs automobiles américains, grands mangeurs de plaques d'aciers. Après deux tentatives de rachat loupées en 2005 (d'abord sur un sidérurgiste ukrainien puis sur un concurrent turc), Arcelor voulait une revanche. D'abord pour sortir de son marché européen (77 % du chiffre d'affaires) et surtout pour faire bon usage de son trésor de guerre (entre 3 et 5 milliards d'euros). Le 23 novembre, il met donc 3,2 milliards d'euros sur la table pour racheter Dofasco. Une semaine plus tard, ThyssenKrupp surenchérit à 3,5 milliards d'euros. Pendant trois semaines, Guy Dollé, le PDG d'Arcelor, se tâte. Renchérir ou laisser filer Dofasco à