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Libération

La délocalisation ne sauve pas Safilin

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Malgré l'installation de deux usines en Pologne, la filature française craint la concurrence chinoise.
publié le 29 décembre 2005 à 5h09

Szczytno (Pologne), Sailly-sur-la-Lys (Pas de Calais), envoyée spéciale

Dans le bruit assourdissant des machines, Malgorzata tend l'oreille pour entendre les questions. Chargée de surveiller l'étirage du lin, elle fait les trois huit et gagne l'équivalent de 210 euros net par mois. «Ce n'est pas énorme, reconnaît-elle. Heureusement, mon mari travaille aussi, dans les services municipaux.» Mais qui se plaindrait ? La région compte 27,5 % de chômage et Szczytno, une ville de 25 000 habitants, frôle les 30 %. Un taux bien au-dessus de la moyenne nationale (18 %) depuis que le démantèlement des fermes d'Etat, après la chute du communisme, a laissé de nombreux sans-emploi.

Filiale à 100 % de Safilin, la dernière filature française créée en 1 870, seconde en Europe par son chiffre d'affaires, Safilin Polska emploie 650 personnes : 450 dans l'usine principale de Szczytno, les autres à Milakowo, à cinquante kilomètres de là. Avec une production de 4 500 tonnes de fil de lin par an, achetée par la société mère française qui lui fournit la fibre, elle est nettement bénéficiaire. Mais le chiffre précis est tenu secret.

Dumping. Malgré cette délocalisation «réussie», le patron de Safilin, Christian Mekerke, est inquiet. Début 2005, la filature a survécu «grâce à la Pologne» à la déferlante du textile chinois. Mais il craint de ne pouvoir tenir longtemps si les Chinois continuent de baisser leurs prix, vendant à perte d'après lui, et si l'Europe ne durcit pas le ton face à ce qu'il dénonce