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Libération
Interview

«Jusqu'à 90 ou 100 heures de travail par semaine»

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publié le 30 décembre 2005 à 5h10

Constance Thomas est directrice de la représentation du Bureau international du travail (BIT) à Pékin.Les résultats de l'étude officielle rejoignent-ils vos observations ?

Bien sûr, il y a tous les problèmes liés à l'utilisation des produits chimiques, à l'hygiène et à la sécurité. Mais le miracle économique chinois a un coût social important, qui se traduit notamment par l'allongement des délais de versement des salaires. Ici, des dizaines de millions de travailleurs sont payés à la semaine. Or les entreprises privées, que ce soit dans l'industrie légère, la construction ou le textile, tardent de plus en plus à verser les salaires. Les travailleurs doivent parfois attendre deux, trois, quatre semaines avant de percevoir un salaire.

Pourquoi ?

Les entreprises qui adoptent cette attitude sont plutôt petites ou moyennes et elles bénéficient de la mondialisation. Il existe une concurrence de plus en plus importante, notamment sur les salaires. Du coup, les travailleurs deviennent plus mobiles et cherchent à quitter telle entreprise pour une autre qui paie mieux. C'est notamment pour ralentir cette mobilité que des entreprises retardent le versement des salaires

Il existe pourtant une législation...

Bien sûr. Il existe même des tribunaux pour régler les litiges liés au travail. Mais les moyens sont insuffisants, comparés à la démesure du boom économique de ce pays. La législation existe aussi en matière de temps de travail. Mais seulement sur le papier. En réalité, personne ne sait c