Ce devait être pour la Banque mondiale un modèle de développement. Celui d'un pays, le Tchad, parmi les plus pauvres du monde, qui concilierait pétrole et développement humain, grâce à une répartition des profits pétroliers, pour le développement et l'avenir. L'inverse de ce qui se pratique au Congo-Brazzaville ou au Nigeria, ces pays où la manne pétrolière alimente des conflits armés et laisse des miettes pour financer des programmes sociaux. Mais le Tchad a viré casaque fin 2005. Tout semble compromis.
En 1999, N'Djamena se tourne vers la Banque mondiale et lui demande de financer un projet de pipeline de 1 070 km reliant le site pétrolier de Doban, dans le sud du pays, au terminal maritime de Kribi, au Cameroun. La Banque apporte 500 millions de dollars sur 3,7 milliards d'investissements. Un accord de «bonne gouvernance pétrolière» est paraphé avec le régime tchadien d'Idriss Déby, et le consortium réunissant les américains Exxon Mobil et Chevron et le malaisien Petronas. L'enjeu : une «bonne» mise en valeur de ses ressources, qui permettrait de réduire l'immense pauvreté des 80 % de la population tchadienne qui vivent avec moins de 1 dollar par jour.
Contrat. Le premier baril de brut coule dans le pipeline en juillet 2003. Le contrat est clair : 12,5 % des recettes pétrolières sont versés au Tchad, soit 2,5 milliards de dollars sur vingt-cinq ans. Avec une clé de répartition précise : 10 % seront déposés (soit 35 millions de dollars) sur un compte séquestre à la City Bank