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Libération

Polonais et chair à béton

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publié le 3 janvier 2006 à 19h58

Marseille envoyé spécial

Le travailleur polonais peut aussi être une victime. En intervenant à l'aube, le 1er décembre, la brigade financière de la PJ de Marseille et le GIR (groupe d'intervention régional) en ont déniché pas moins de 28. Surtout des maçons et des peintres, qui logeaient dans des mobile homes d'un camping de l'étang de Berre ou sur des chantiers de BTP de la région. Au total, une soixantaine de salariés y auraient ainsi travaillé, en un an, pour une société de droit britannique. Dix heures par jour, six jours sur sept, voire plus, pour «50 à 100 euros par semaine», selon un enquêteur. Des procédés qui valent à cinq personnes, au premier rang desquelles les deux initiateurs de cette petite entreprise saute-frontières, des mises en examen pour «travail dissimulé, emploi d'étrangers dépourvus de titre de travail, abus de confiance, abus de bien social et conditions d'hébergement incompatibles avec la dignité humaine».

Boîte aux lettres. C'est l'histoire d'Andrzej, Miroslaw, Marek, Piotr et des autres. Pour la plupart, des pères de famille plutôt jeunes, sans emploi, venus de petites villes de Pologne «où la situation est extrêmement difficile», résume leur avocat, Wladyslaw Lis, qui va se constituer partie civile pour une vingtaine d'entre eux. C'est aussi l'histoire d'une PME marseillaise, Provence Construction, et de sa petite soeur Eldor, société de droit britannique censée assurer à la première les avantageuses conditions fiscales et sociales anglaises. «En r