Saint-Nazaire, envoyé spécial.
Aux comptoirs des bistrots de Penhoët, devant les Chantiers de l'Atlantique, le rachat par le norvégien Aker Yards est bien accueilli. Plutôt mieux que de lointains asiatiques ou d'anonymes fonds de pension. «On m'avait dit de me préparer à servir du riz cantonais, finalement va falloir penser à un stock de saumon», plaisante le patron du Bar de Lorient. «Faudra des casques à cornes de Viking», renchérit un métallo en avalant son casse-croûte. «On croyait avoir à repeindre Hyundai [gros chantier naval coréen, ndlr] sur le portique. Je préfère», ajoute un ouvrier en rembauchant. Au café Le Rugby, on reste méfiant : «Y a deux solutions, soit c'est tout bon pour nous, soit c'est un coup pour éliminer un concurrent», hésite Jean-Michel, employé par un sous-traitant en isolation. Les rumeurs officieuses couraient déjà avant les réveillons. «La nouvelle est brutale mais plutôt bonne», dit Jean-Claude Pelleteur, président du pôle marine qui regroupe une soixantaine de sous-traitants régionaux. «Les tailles des bateaux de croisière augmentent, or Aker Yards ne peut pas faire les navires plus gros que le Queen Mary... Mais, en revanche, Saint-Nazaire peut en prendre en commande. Et Aker a un réseau commercial très puissant. Avec 13 chantiers, ils ont des relations... Il peut y avoir des effets négatifs y compris un scénario d'asphyxie progressive du site de Saint-Nazaire, mais il faut rester optimiste. Notre défi reste d'accompagner le donneur d'ordre, d