Chirac roule-t-il pour France Télécom ? En déclarant jeudi, lors de ses voeux aux forces vives, qu'il fallait «permettre à tous les opérateurs de télécommunications qui le souhaitent de développer sur tout le territoire un réseau de fibre optique», le président de la République disait vouloir placer la France en tête des technologies numériques. Mais pensait-il à France Télécom, seule capable d'investir des milliards pour mailler le territoire avec de nouveaux câbles ? Vendredi, le petit monde des télécoms s'interrogeait sur le sens à donner à ses propos.
Moratoire. Depuis novembre, Didier Lombard, le président de France Télécom, distille à l'attention des pouvoirs publics un discours sur le mode : «On est prêt à investir dans un réseau de fibre optique, mais on ne le fera que si vous nous laissez les coudées franches pour l'exploiter.» Autrement dit : faites comprendre à l'Arcep (l'autorité de régulation des télécommunications) qu'elle ne doit pas nous forcer à louer cette infrastructure à nos concurrents. Le président exhibe l'exemple tout frais de son confrère allemand, Deutsche Telekom. A l'occasion d'une injection de 3 milliards d'euros dans la fibre optique, celui-ci s'est lancé dans un petit chantage à l'emploi : 5 000 créations de postes contre la liberté de se réserver l'usage de la fibre, au motif de l'investissement et au nom de l'innovation. Avec succès, puisque Deutsche Telekom obtient du gouvernement un moratoire de trois ans sur la régulation, c'est-à-dire l'ab