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Libération

Comment l'ANPE entretient la pression sur les chômeurs

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publié le 7 janvier 2006 à 20h00

Il a été fonctionnaire (instituteur, postier), dompteur de poules, ouvreur au cinéma. Ecrivain, éditeur, animateur d'ateliers d'écriture dans le «9-3», Jean-Jacques Reboux s'apprête à lancer sa propre maison d'édition au mois de mars. En attendant, il pointe encore à l'ANPE, depuis octobre 1998. Et nous raconte une histoire qui circule sur le Web (1), emblématique, selon lui, de la «stigmatisation» antichômeur, sur fond de «séances de remobilisation collective des chômeurs longue durée». Le 13 décembre, ce détenteur de l'ASS (allocation spécifique de solidarité, 413 euros par mois) est convoqué à un «entretien individuel» dans une agence du IXe arrondissement à Paris. «Ça m'a étonné d'être appelé en plus de ma convoc bisannuelle, mais je m'y suis pointé.» Sur place, il retrouve 56 autres chômeurs dans une salle au premier étage, nantie de 30 chaises. «Ils nous proposaient un stage de remotivation.» Deux cents heures. Et dès le lendemain, à Montrouge, au sud de Paris. Le ton monte. «Euh, pardon madame, mais on a reçu une convocation pour un entretien individuel», ose un demandeur d'emploi tétanisé. «Erreur, c'est une réunion de préparation à un stage pour les bénéficiaires de l'ASS», répond l'agent de l'ANPE. «Mais je n'en fais pas partie», s'agace un chômeur. «Bien, signalez-le au dos et vous ne serez pas inquiété», lance l'organisateur. «Ce genre de procédé ressemble à une rafle, madame, s'énerve un "stagiaire", c'est de la basse politique.» Jean-Jacques Reboux, lui, quitte