Monsieur Luc parle fort, mais souvent pour les autres. Chef de rang au room-service du Ritz depuis vingt-cinq ans, ce petit monsieur d'allure chétive compte autant d'années de cotisation à Force ouvrière.
Il débute comme serveur dans un restaurant parisien. Pour sa première paie, à la journée, «une vingtaine de francs à l'époque», son patron lui fait une blague. Il lui présente l'enveloppe sous le nez, et s'amuse à la lui retirer au moment où il tend la main pour la prendre. Par ce tour qui n'amuse que les enfants, Claude Luc se sent rabaissé. Il préfère claquer la porte sans la légère enveloppe. Mais prend sa carte au syndicat.
Depuis 1992, il irrite la direction du palace avec ses convocations au conseil de prud'hommes ou au tribunal correctionnel. «C'est son truc», commente un employé de la restauration. Une exclusivité. «Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais, un jour, il n'a plus été d'accord avec la direction et a débuté ses procédures, explique Marie-José Duval, déléguée CFDT au Ritz. Il a ressorti tous les vieux dossiers et, avec son avocat, a monté des attaques.» Délégué du personnel, siégeant au comité d'entreprise, au CHSCT (comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail), à la commission paritaire nationale de l'hôtellerie et de la restauration, il a la main mise et bien agrippée sur les problèmes des salariés du Ritz. «Les salariés viennent me voir parce qu'ils me connaissent. Ils me parlent de leurs problèmes et, si c'est possible, je les aide pour d