Pour Jean-Marie Pernot, chercheur à l'Institut de recherches économiques et sociales, auteur de Syndicats : lendemains de crise ? (Gallimard, 2005), les syndicalistes doivent trouver les moyens de remplacer la génération des années 70, qui va partir à la retraite.
Existe-t-il des «générations» syndicales ?
Oui. Les générations de militants syndicales existent, comme les générations politiques. Elles apparaissent à l'occasion des crises sociales ou des combats : 1936, guerre d'Algérie, 1968. Ce sont ainsi les jeunes ouvriers grévistes de 1968 qui ont formé la génération des syndicalistes des années 70. Ils l'ont marqué d'une certaine radicalité. On pense évidemment à la CFDT et au gauchisme, mais il y a une génération 68 aussi à la CGT. Certaines générations sont plus prolifiques que d'autres. En 1936 et à la Libération, on a assisté à des rushs vers les syndicats. Mais pas en 1968, qui a produit un lent mouvement de syndicalisation dans les années suivantes. Cela correspond aussi à une période où le syndicalisme gagne des points, dans des accords ou par des lois, par exemple sur la mensualisation ou la formation. Les générations engendrent elles-mêmes d'autres syndicalistes, car les enfants de militants militent souvent. En général, il y a des transmissions générationnelles mais il y a rupture dans les années 80 et 90, une période où tout se dérègle. On est alors dans le point bas de la syndicalisation, une génération manque et n'assure pas de transmission. Aujourd'hui, les de