Quelques mots d'encouragement. Peu de refus catégoriques. Surtout de l'indifférence. Ce que vivent les militants de la CGT diffusant leurs tracts, ce matin de janvier, dans le flot humain déversé par la station RER La Plaine-Saint-Denis, ressemble aux rapports des Français avec leurs organisations syndicales. Nicolas, prof d'histoire-géographie de 25 ans, a pris la feuille en lâchant : «Bonne année... et bon courage !» Sensible aux «nombreuses attaques dans le domaine social ces dernières années», il est lui-même syndiqué au Snes. Malgré un «a priori plutôt défavorable à la CGT», Christophe, 26 ans, a aussi empoché le tract. Il regrette que la PME qui l'emploie, un grossiste en textile, soit trop petite pour avoir une délégation syndicale...
En vingt-cinq ans, le nombre de salariés syndiqués en France a été divisé par deux (1). Mais la chute s'est arrêtée. Le taux de syndicalisation des salariés en activité est stabilisé depuis environ dix ans, situé aujourd'hui entre 8 % et 9 %. Soit près de 1,9 million de syndiqués, dont la moitié occupe des fonctions publiques. Si des bastions syndicaux se maintiennent, essentiellement dans le secteur public, le potentiel de développement se trouve ailleurs. «On est très implantés chez les cheminots, mais ça représente 150 000 personnes, expose Gérard Billon, responsable national de la syndicalisation à la CGT. Alors que dans le secteur du commerce, il n'y a que 30 000 syndiqués sur 5 millions de salariés. On doit s'attaquer à ces déserts