Bamako envoyé spécial
Ecrivaine (1), ex-ministre de la Culture du Mali, Aminata Dramane Traoré est membre du comité d'organisation du Forum social mondial (FSM) de Bamako.
L'idée d'un Forum social mondial éclaté ne risque-t-elle pas d'entraîner une dilution de l'impact des propositions altermondialistes ?
Non. Cela permet d'éveiller les consciences sur plusieurs continents en même temps. Non pas parce qu'il y aurait un altermondialisme africain, mais parce que chaque continent doit puiser dans son histoire, sa mémoire, pour y trouver un levain propre à enrayer «notre mal en dedans». Entre les forums, les efforts des mouvements sociaux ou des ONG sont parfois teintés de suspicion, souvent réprimés dans les pays non démocratiques. Les pouvoirs nous considèrent comme des empêcheurs de mondialiser en rond. L'effet de masse d'un FSM permet de réaliser que les questionnements sont permis, les résistances possibles. Et dire ce que nos dirigeants ne peuvent pas ou ne veulent pas exprimer à leurs maîtres du Nord.
Même si les résultats, on l'a vu au sommet de l'OMC de Hongkong, sont très maigres ?
Peut-être, mais au moins nous écoute-t-on. On pèse davantage sur les décideurs car on a plus de crédits que si l'on se mobilisait seul dans son coin. Avant, les ministres vous détestaient cordialement lorsque vous disiez qu'ils avaient approuvé des décisions de l'Organisation mondiale du commerce qui allaient à l'encontre de leur peuple. Désormais, on a introduit du doute dans ces certitudes.