Bamako envoyé spécial
Il sort des banderoles d'un car aussi ruiné que lui. Se taper 48 heures de pistes du nord du Burkina Faso le stimule pourtant. La marche qui inaugure le Forum social mondial de Bamako vient de s'ébranler dans un concert de Klaxon et de policiers débordés. Et lui, Ablace Compaoré, se dit «fier» de conduire une délégation de 70 paysans, «représentant 47 villages, 20 000 habitants». Qu'est-il venu chercher ici ? «Tisser des liens, avec d'autres paysans d'Afrique.» Aucun site Internet, aucune ONG du Nord ne relaie son combat.
«On n'a pas besoin d'idées venues d'ailleurs, de go-between qui nous livre des programmes clés en main», dit Ablace. Il sait qu'il faut compter sur l'histoire, la mémoire des «anciens». Et «se battre contre le pillage de nos semences ; refuser les OGM que le gouvernement cherche à nous imposer ; militer pour le respect de la biodiversité». Alors, il est venu parler de la culture locale : du sorgho, du mil, du maïs.
Privatisations rampantes. En écho, Ouedrago Seydou, tchadien, parle de la «misère». De paupérisation. De laminage «d'un peuple qui vit sous la dictature, sous la guerre, et d'un gouvernement qui se moque des 80 % de paysans en souffrance perpétuelle». Tous les Africains évoquent «le besoin de bousculer leur gouvernement». Faire le tri avec ces OTG, les Organisations très gouvernementales.
Peu de slogans faciles dans le cortège. Peu de rhétoriques factices. Associations, mouvements sociaux convergent et échangent. De l'effondreme