Bordeaux, correspondance.
Lundi matin, un courtier bordelais a découvert devant ses locaux trois tonnes de fumier, en guise d'avertissement. L'action a été menée par des viticulteurs membres de JA (Jeunes Agriculteurs) qui l'accusent de ne pas respecter un prix plancher d'achat de 1 000 euros le tonneau (unité de 900 litres). « Ce courtier a fait passer des contrats à 700 euros le tonneau pour un négociant de l'Hérault, explique Yohan Bardeau, secrétaire général adjoint de JA. Notre message est clair : nous lui demandons de ne pas se rendre complice de professionnels qui ne jouent pas le jeu.»
«Neutraliser». Réuni en assemblée générale début décembre, le Syndicat des bordeaux et bordeaux supérieurs avait en effet décidé de fixer ce prix plancher à 1 000 euros le tonneau, en bloquant les certifications d'agrément AOC qui ne seront délivrées aux viticulteurs que sur présentation d'une attestation du client s'engageant à respecter le tarif. «Par ce blocus, nous espérons neutraliser la frange des négociants qui participent à la spéculation des cours à la baisse», explique Bernard Farges, vice-président du syndicat. Les ventes débutent tout juste. La question est maintenant de savoir combien de temps des viticulteurs déjà en mal de trésorerie vont pouvoir résister. Et si cette pression inversera la tendance des prix à la baisse. «Nous incitons bien sûr les producteurs à retarder leurs ventes, poursuit Bertrand Farges, afin de créer un effet de manque et de faire remonter les prix.»