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Interview

«Compétition entre diplômés en France et en Espagne»

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Thomas Coupié et José Rose, chercheurs au Cereq, dissèquent la façon dont les jeunes Européens entrent sur le marché du travail.
publié le 23 janvier 2006 à 20h08
(mis à jour le 23 janvier 2006 à 20h08)

Entretien avec Thomas Coupié ­ chargé d'études ­ et José Rose ­ directeur scientifique ­, du Cereq, Centre d'études et de recherche sur les qualifications.

La situation des trentenaires espagnols diplômés, avec leurs contrats précaires et mal payés, est-elle unique en Europe ?

Thomas Coupié. On peut, en fait, diviser l'Europe en trois modèles. Dans le premier, qui concerne l'Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark ou l'Autriche, les jeunes diplômés entrant sur le marché du travail ne sont pas beaucoup plus victimes du chômage que leurs aînés. Les échelles de salaires entre débutants et expérimentés sont également beaucoup plus ramassées qu'en France ou en Espagne. Il y a, dans ces pays, une meilleure articulation entre le système éducatif et l'entreprise. Les formations professionnelles sont reconnues par les employeurs, qui participent à l'élaboration de leur contenu. En Italie et en Grèce, au contraire, les jeunes constituent une main-d'oeuvre stigmatisée : les taux de chômage sont très élevés pour les débutants et l'insertion professionnelle se fait lentement. Tout le monde entre sur le marché du travail par le bas de l'échelle, diplômés ou non. Ceux qui n'y pénètrent pas se retrouvent à faire des petits boulots. Les jeunes ont du mal à s'intégrer dans l'entreprise, où les salariés de 35-50 ans, expérimentés et déjà installés, sont au contraire bien protégés, que ce soit par le droit du travail ou par des codes culturels comme les modèles familiaux. Par exempl