Madrid, de notre correspondant.
C'est la génération la mieux «préparée» qu'ait jamais connue l'Espagne. Celle qui accumule le record de diplômes universitaires, celle qui se voyait déjà triompher dans un pays dynamique. Avec 3,5 % de croissance un cas exceptionnel dans l'Union européenne , l'économie espagnole se porte comme un charme, merci pour elle. Mais la génération des 25-35 ans, elle, rumine sa déprime : des empleos basura («emplois-poubelle») pas à la hauteur des qualifications, des salaires avoisinant les 1 000 euros et une précarité à faire frémir les pays voisins (33 % des salariés espagnols sont en contrat temporaire, près du triple de la moyenne communautaire). Ils sont architectes, psychologues, avocats, ingénieurs, biologistes ou agents commerciaux. Après de longues études supérieures et avoir enchaîné mastères ou autres spécialisations, il leur faut admettre l'évidence : beaucoup d'entre eux ont grossi les rangs des mileuristas (ceux qui gagnent environ 1 000 euros), une population largement majoritaire chez les trentenaires salariés.
«Question de survie». Alberto (1), agent commercial de 32 ans, est un cas typique. Il travaille depuis huit ans pour une entreprise d'électroménager à Getafe, dans la banlieue sud de Madrid. Ce jeune brun élancé qui gagne 1 100 euros brut par mois a vite fait ses comptes : «Avec un loyer de 600 euros, 200 euros pour la nourriture et 200 de plus pour le remboursement de ma voiture, indispensable pour mon travail, il ne me reste