Moscou de notre correspondante
«Hier, c'est à l'Ukraine qu'ils avaient coupé le gaz. Aujourd'hui, c'est à nous qu'ils l'ont coupé. Et demain, ce sera à quiconque se place en situation de dépendance du gaz russe.» Avec son franc-parler coutumier, exacerbé par la nouvelle épreuve infligée à son pays, le président géorgien a bien résumé ce que les grands froids actuels viennent de révéler : la Russie manque de gaz. Le constat est paradoxal pour un pays premier producteur et premier exportateur mondial de gaz, régnant sur 16 % des réserves planétaires, mais il n'en est pas moins réel.
Explosions. Depuis une semaine, plusieurs clients européens Italie, Pologne et Roumanie en particulier se plaignent que Moscou ne leur livre plus tout le gaz qu'ils commandent. Varsovie a même affirmé, hier, recevoir 38 % de moins que les quantités prévues par ses contrats avec la Russie. Depuis dimanche, la Géorgie et l'Arménie sont presque entièrement privées de gaz russe, suite à des explosions suspectes qui ont rompu, sur le sol russe, le gazoduc les approvisionnant. Ni le gouvernement ni Gazprom, le quasi-monopole du gaz russe, n'ont eu le moindre mot d'excuse pour ces pays ainsi plongés dans le froid par un hiver particulièrement rigoureux. Au contraire, les autorités russes ont fait savoir, hier, que les réparations du gazoduc étaient interrompues... à cause d'une fuite de gaz et d'un risque d'explosion.
«Oui, la Russie manque de gaz, ose constater Vladimir Milov, ancien vice-ministre russe