Vendredi 13 janvier, c'était la queue jusque dehors. Du jamais vu. «Ça joue plus que cela n'a jamais joué.» C'est parti de ce jour. Gilles tient un tabac-PMU, rue du Faubourg-du-Temple à Paris (Xe). Un des meilleurs chiffres d'affaires de la capitale. Gilles est discret. Il se tourne vers une machine d'enregistrement des jeux et fait un clin d'oeil. «On n'en aurait pas deux si cela tournait pas, dit-il. Tu comprends ?» Un quartier «populaire», ça joue beaucoup, rappelle-t-il.
10 euros. Pour l'Euro Millions, Gilles suggère à la Française de «diviser la somme en plusieurs», pour qu'il y ait davantage de gagnants. Ici, il repère les nouveaux joueurs parmi ceux qui achètent des cigarettes et passent au guichet d'à côté, celui des jeux. En général, ils jouent petit. Grégory, joueur occasionnel de 20 ans, a la banane. Il vient de gagner 22 euros à «l'astro». L'Euro Millions? «Vu les probabilités, il y a peu de chances, le vainqueur royal, c'est la Française des jeux.» Au bar, un client sirote son ballon : «Tu vas voir que, vendredi, il est pas encore trouvé, le bordel (le gros lot, ndlr).» Gilles jouera aussi. 10 euros. «Si je touche, j'arrête de travailler.» Le type devant son ballon : «Vendredi, tu gagnes et on ferme le truc et on part dans le Nord .» Un temps. «Non ! dans le Nord, il fait trop froid.» Gilles se penche et murmure sur l'air de la confidence : «Tu comprends... il y a aussi le prix d'Amérique ce week-end, tout attire, c'est tout un tas de contextes, l'un fait travai