Caracas de notre correspondant
«Le peuple demande la nationalisation des hydrocarbures et la voix du peuple est la voix de Dieu, nous allons la respecter.» Ainsi s'exprimait Evo Morales au lendemain de sa victoire à la présidentielle bolivienne le 19 décembre. Jeudi, la compagnie nationale d'hydrocarbures annonçait la «récupération» par l'Etat de deux raffineries appartenant au brésilien Petrobras. Paradoxe : à Caracas, les altermondialistes sud-américains se grattent la tête sur la question de la nationalisation des hydrocarbures et du modèle chaviste.
Que les populations bénéficient des revenus du pétrole ou du gaz, très bien. Mais quid du modèle économique ? Le débat a lieu dans le bâtiment de PDVSA, l'entreprise nationale pétrolière vénézuélienne. «On vante la "nouvelle PDVSA sans putschiste" [à l'hiver 2002, une grève pétrolière menée par l'opposition avait tenté de faire tomber Chavez], et c'est sûr qu'on utilise plus intelligemment les revenus pour financer des programmes sociaux. Mais à l'intérieur, seuls les dirigeants ont changé, pas le système : les contrats se décident en haut et on espère que les prix du baril vont monter», s'emporte le syndicaliste José Bodas.
Au nom de l'intégration sud-américaine, le gouvernement Chavez fournit de l'or noir à prix bradé à quatorze pays caribéens ainsi qu'à l'Uruguay. Mais les entreprises étrangères sont toujours présentes dans le pays et, depuis le 1er janvier, tous les nouveaux projets sont mixtes : PDVSA-multinationale. Pour P