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Libération

«Nos vrais patrons, les fonds de pension»

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A l'usine Arcelor de Fort-Mardyck, les salariés balancent entre inquiétude et désillusion.
publié le 31 janvier 2006 à 20h12

Fort-Mardyck (Nord) envoyée spéciale

Un parking battu par le vent froid. Ici, les ouvriers prennent le bus qui les déposera à la porte de l'usine géante d'Arcelor Dunkerque à Fort-Mardyck, qui fabrique des bobines d'acier laminé pour l'automobile. Un peu plus de 4 000 ouvriers, jeunes intérimaires compris, et environ 2 000 dans la sous-traitance. Un ouvrier hausse les épaules : «Soi-disant qu'on était les meilleurs, et voilà que les Hindous sont meilleurs que nous !» Inquiets ? Henri, la cinquantaine, oui : «Ils n'ont pas la même culture que nous, ils ne pensent pas de la même façon. Ils n'ont pas le social comme en France.» En montant dans le bus qui le mène à son poste, Yann, 28 ans, fondeur depuis deux ans, glisse, vite : «Je suis intérimaire. Si Mittal arrive, je perdrai ma place.»

Hier, près de leur usine, les ouvriers d'Arcelor Dunkerque ne s'attardaient pas. «On attend des nouvelles.» On n'avait pas envie des questions. Vendredi, le PDG d'Arcelor, Guy Dollé, a fait parvenir un message aux salariés : «L'offre de Mittal est hostile, dit-il entre autres, nous devons garder notre sang-froid.» Vittorio, cokier en salle de contrôle, suppose : «"Hostile", ça ne doit pas être très bon pour nous.» Et soupire : «De toute façon, nos vrais patrons, ce sont les fonds de pension américains. Ce sont eux qui décideront.» Deux craintes : d'abord, une fusion de géants, c'est le risque de fermeture d'usines. Ensuite, on se méfie de la «culture» de Mittal. Pierre Cauhet, délégué CGT, trouv