New York de notre correspondant
Il est rare qu'un président de banque centrale devienne une star. L'événement, aujourd'hui, n'est pas l'intronisation de Ben Bernanke à la tête de la Réserve fédérale (Fed), mais le départ d'Alan Greenspan à l'âge de 79 ans, dont dix-huit à ce poste. «Sa reconnaissance dans la population va bien au-delà de ce qu'on imagine, estime Robert Thompson, professeur de culture populaire à l'université de Syracuse (Etat de New York). Certains Américains le connaissent mieux que leur sénateur. Pourtant, Greenspan est la dernière personne dont on pouvait penser qu'elle deviendrait une célébrité : il est un économiste, il est âgé et ne s'exprime pas à coups de petites phrases. Il est même incompréhensible pour le grand public.» La presse lui accorde un traitement digne d'un chef d'Etat. Départ d'un «monument de Washington» (New York Times) ou sondage sur son action (USA Today) : 65 % des Américains l'approuvent, 21 % sont contre, ce qui laisse à peine 14 % sans opinion.
Cet engouement est devenu un sujet d'intérêt pour Robert Thompson, d'habitude plutôt versé dans l'étude des séries télévisées. Première raison selon lui, l'intérêt croissant des Américains pour la Bourse depuis une vingtaine d'années. Greenspan, en poste depuis 1987, est devenu la voix qui a accompagné ce mouvement. Mais comment accorder du crédit à quelqu'un dont on ne comprend pas le discours ? C'est précisément, selon Thompson, ce qui a fait le succès de Greenspan : «Moins les gens le com