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Libération

Comment le protocole de Kyoto pourrait sauver Rhodia

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L'entreprise va toucher le jackpot en vendant ses droits à polluer.
publié le 3 février 2006 à 20h15

Pour Rhodia, le protocole de Kyoto va relever de la pierre philosophale. Grâce au marché des droits à polluer, le groupe chimique devrait transformer en or l'un de ses gaz les plus nocifs en termes d'effet de serre, le protoxyde d'azote (N2O), qui a un potentiel de réchauffement global 310 fois supérieur au gaz carbonique. Au prix actuel de la tonne de CO2, les crédits d'émission octroyés fin 2005 par l'ONU concernant deux projets de dépollution de sites au Brésil et en Corée du Sud sont évalués, dans l'entreprise, à au moins 1 milliard d'euros. Pour un investissement de seulement 20 millions ! Ce taux de rendement époustouflant fait rêver la Bourse. Les analystes financiers qui conseillaient de vendre la valeur sont aujourd'hui passés à l'achat. Et le cours a explosé de plus de 80 % depuis les premières autorisations.

La direction de Rhodia assume ce jackpot. «Pour l'ensemble des industriels, notre accord avec les Nations unies constitue un tournant. Avant, Kyoto était avant tout perçu comme un risque. Depuis, tout le monde s'est rendu compte que cela pouvait aussi être synonyme d'opportunité», explique Jean-Pierre Clamadieu, directeur général du groupe. Qui ajoute : «A partir du moment où le choix d'un mécanisme de marché a été effectué au niveau politique, il est normal qu'une entreprise comme Rhodia, qui a été une des premières à s'engager dans le processus de Kyoto, en tire partie financièrement.» Dès 1998, bien avant que le protocole soit en vigueur, le groupe chimique