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Libération

«Soldat de la soif»

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publié le 6 février 2006 à 20h15

Six mille sept cents francs par mois, une R5 neuve et peinte en jaune. Le jaune de Ricard. Dès ses 23 ans, Franck Daniel a vendu la boisson anisée, des bars PMU au campus de HEC. Dans son livre confession, écrit par le journaliste Eric Coder (1), il explique qu'il y a a gagné la réussite sociale ­ il passera vite de la R5 à la Mégane ­, de l'argent ­ jusqu'à 24 000 francs par mois ­ et le respect de son père : «Tu es dans une des plus grandes écoles de vente, tu vas réussir», lui a-t-il dit à son entrée chez le roi de l'anisette. Puis Franck Daniel est devenu alcoolique et a finalement été licencié après onze ans de boîte. Accrocheur, Dealer légal, qui raconte sa carrière de VRP chez Ricard, ne fait pas dans la finesse : «Franck Daniel va se transformer, peu à peu, en arme de guerre», il devient «un soldat de la soif». Mais il témoigne de son quotidien alcoolisé et de ses techniques de vente souvent sans état d'âme. «Car pour mieux vendre le breuvage, acquérir une excellente compréhension de son sujet, il faut savoir le déguster sans barguigner», écrit l'auteur. Quand Franck Daniel devient chef de secteur, il a un portefeuille de 750 clients et «tourne à une moyenne quotidienne de 15 à 30 petits jaunes».

Son objectif : écouler 300 bouteilles au minimum par jour. Franck Daniel déboule dans un bar, lance «Bonjour, c'est la société Ricard ! Tournée générale !» Il offre sa tournée, d'autres clients suivent et paient la leur, le patron de bar encaisse. Reconnaissant, il deviendra