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Libération

A Dreux, écran noir sur les tubes cathodiques

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publié le 7 février 2006 à 20h16

Dreux (Eure-et-Loir) envoyé spécial

En apparence, tout est normal. Tentes et braseros ont disparu, barrages et piquets de grève ont été levés. Ne reste qu'une banderole flottant au vent, accrochée à l'entrée de l'usine, le long de la nationale : «LG doit payer.» Après une semaine de débrayage, les 639 salariés de LG Philips Displays, la coentreprise détenue à 50-50 par le néerlandais Philips et le groupe coréen LG Electronics, ont repris le travail. Pas pour longtemps : leur usine de Dreux (Eure-et-Loir), dédiée à la fabrication de tubes cathodiques pour téléviseurs, vit ses dernières heures. «Cette usine allait fêter son cinquantenaire cette année, rappelle Ian Gougaud, élu CGC au CE. Elle a vécu la révolution du noir et blanc, celle de la couleur en 1968, et enfin celle de l'écran plat à la fin des années 1990.» L'histoire s'arrête là : mercredi, le tribunal de commerce a constaté la «cessation de paiements» de l'entreprise, avant de la placer en redressement judiciaire. En attendant une liquidation qu'ici tous jugent inéluctable : «L'usine n'est pas vendable, juge Michel Hamon, élu CGT. En l'état, personne ne la reprendra...»

«Faillite frauduleuse». Pour les salariés, l'affaire était entendue. Déjà abandonné par nombre de fabricants, hormis Samsung et LG Philips, le marché du tube cathodique, plombé par le développement à grande vitesse des télévisions LCD et plasma, était condamné. «Il y a cinq ans, ça tournait encore bien, rapporte un jeune salarié. On ne pensait pas que