Menu
Libération
TRIBUNE

Arcelor, l'Europe doit dire non

Article réservé aux abonnés
La seule solution est d'arrêter par la loi cette OPA qui risque d'en entraîner d'autres.
publié le 7 février 2006 à 20h16

L'offre publique d'achat hostile de Mittal sur Arcelor est logique. Elle est dangereuse. Elle ne devrait pas surprendre. Dans le combat qui s'engage, l'Europe a de grandes chances de perdre, ou plutôt Arcelor a de grandes chances de perdre, puisque le groupe Mittal, société de droit néerlandais, est lui aussi européen.

Faut-il s'attrister ? A priori, ce n'est pas évident. L'acier n'est pas une matière symbolique. Nul ne peut lui porter un intérêt affectif analogue à celui que les Français portent aux produits de leur viticulture, de leur haute couture ou d'Airbus, ou les Allemands à ceux de Mercedes. Nous avons accepté, mieux, nous avons choisi de faire l'Europe autour du concept de marché commun qui suppose la recherche de l'allocation optimale des ressources et des investissements sur le territoire, indépendamment de sentiments extra-économiques telle la «satisfaction propriétaire».

En outre, le «patriotisme économique» qui s'exprime ici ou là sur ce sujet manque particulièrement de pertinence. D'abord, parce qu'Arcelor a cessé voici quelque trois ans d'être français pour devenir plutôt luxembourgeois, et en tout cas européen. Ensuite, parce qu'il faudrait savoir ce que l'on veut. On respecte et on applique des règles, ou on ne les respecte ni ne les applique. Les OPA font partie de ces règles. Le patriotisme économique, même étendu à l'Europe, est un concept d'un flou effrayant, dont nul ne sait à l'avance à quoi il pourrait bien s'appliquer, et dont nul organe respecté n'a