Bruxelles (UE), correspondance.
Montée en flèche du travail au noir, afflux de travailleurs détachés et d'indépendants: voilà le danger qui, selon un rapport que doit adopter demain la Commission européenne, guette la France si elle reconduisait, le 30 avril, les «dérogations transitoires» à la libre circulation des travailleurs venant des nouveaux Etats membres d'Europe de l'Est.
Tout comme onze autres pays, qui craignent aussi un raz de marée de ressortissants de l'Est sur leur marché du travail, l'Hexagone applique depuis deux ans une disposition des traités d'adhésion qui lui permet de suspendre la libre circulation des travailleurs : les ressortissants des nouveaux adhérents sont donc traités comme des immigrés des pays tiers. Résultat : seuls 9 916 permis de travail ont été délivrés en 2004 pour les ressortissants de l'Est. Mais cela n'explique pas tout. Alors que l'Allemagne et l'Autriche ont aussi fait jouer cette dérogation, ils ont respectivement accordé 500 000 et 32 000 cartes de séjour entre mai 2004 et septembre 2005.
La proximité géographique explique en partie ce grand écart. Ces deux Etats sont les voisins les plus proches de l'Europe centrale, et donc plus attractifs pour des ressortissants comme les Polonais, qui peuvent venir y travailler à la journée ou à la petite semaine, selon des quotas qui arrangent certains corps de métier. Berlin et Vienne jouent sur les autorisations temporaires de séjour et ont recours à 95 % à des travailleurs détachés de leur ent