Hughes de Lasteyrie lance une nouvelle attaque contre l'Autorité des marchés financiers (AMF) concernant l'affaire Rhodia. Et cette fois-ci le financier, actionnaire minoritaire du groupe chimique, s'en prend directement à son numéro 2, Gérard Rameix. Lasteyrie a ainsi envoyé le 30 janvier un courrier au secrétaire général de l'AMF dans lequel il l'accuse d'avoir «délibérément refusé de constater les fraudes les plus graves commises par les dirigeants de Rhodia de 2000 à 2002». «Vous avez ainsi tenté d'étouffer un des plus grands scandales financiers touchant la place de Paris», poursuit-il. Lasteyrie réagit en fait aux maladroites tentatives d'explication de l'AMF à propos de sa mansuétude vis-à-vis de Thierry Breton. Ex-administrateur et président du comité d'audit de Rhodia de 1998 à 2002, l'actuel ministre de l'Economie n'a jamais été mis en cause. Il y a quelques semaines, Lasteyrie avait reproché au gendarme de la Bourse d'avoir édulcoré son rapport d'enquête sur l'affaire Rhodia, en ôtant des faits susceptibles de gêner l'actuel locataire de Bercy (Libération du 19 janvier). L'AMF avait alors admis avoir réécrit son rapport, mais avant que Breton ne devienne ministre, ce qui rendait improbable l'existence de pressions. Preuve supplémentaire de sa bonne foi, selon l'AMF, «à aucun moment de leur enquête, les inspecteurs n'ont envisagé d'auditionner Thierry Breton».
C'est ce dernier point qui fait tiquer Lasteyrie. «Le travail des enquêteurs a été volontairement perturbé»