Londres, de notre correspondante.
La nuit tombe. Les retardataires pressent le pas pour la messe dominicale de 17 heures, à l'église polonaise d'Ealing Broadway, sur Windsor Road, dans l'ouest londonien. Les places sont chères, les derniers arrivants écoutent le service assis sur les escaliers. Les paroissiens viennent d'Acton, ou de Wembley, plus au nord. Beaucoup d'entre eux sont arrivés en Grande-Bretagne à partir de mai 2004, lorsque le pays a ouvert ses portes aux travailleurs des nouveaux membres de l'UE. Selon les dernières statistiques, publiées en novembre 2005, 293 000 travailleurs d'Europe de l'Est se sont enregistrés pour travailler au Royaume-Uni, dont 170 000 Polonais, suivis par 40 000 Lituaniens, 31 000 Slovaques, 20 000 Lettons et 17 000 Tchèques. Une immigration soudaine, apparemment absorbée sans trop de difficultés, et qui a contribué à la vitalité de l'économie britannique, avec davantage d'impôts payés et des postes vacants enfin remplis, se félicitait alors le ministère de l'Intérieur.
Trois livres de l'heure. A la sortie de la messe, Magda doute que ces chiffres reflètent la réalité. Elle a débarqué à Londres en clandestine. Elle l'est restée et connaît nombre de ses compatriotes qui ne sont pas déclarés. «J'avais une formation généraliste, le lycée. J'ai commencé à travailler dans un coffee shop, puis j'ai enchaîné d'autres petits boulots. Maintenant, je fais le ménage dans une famille riche.» Les données officielles disent que 80 % des nouveaux arriva