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Libération

Cinéma du labeur

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Le travail est de retour sur grands écrans. Fini les aventures collectives chères aux années 70, aujourd'hui, ce sont les batailles individuelles et leur lot de souffrances qui inspirent les réalisateurs.
publié le 13 février 2006 à 20h20
(mis à jour le 13 février 2006 à 20h20)

Coup sur coup, deux films. Une fiction (Sauf le respect que je vous dois, de Fabienne Godet) et un documentaire (Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés, de Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil) consacrés à la souffrance au travail sortent à une semaine d'intervalle. En y ajoutant, il y a moins d'un an, le Couperet (de Costa-Gavras), où c'est l'absence de travail qui rendait fou et assassin, on aimerait croire qu'à nouveau notre labeur inspire celui des réalisateurs. Les fictions en font le thème de films d'action d'un nouveau genre : le film de guerre économique, le film de catastrophe sociale, où l'on tue ­ où l'on est tué ­ à force de travail. La télévision diffuse des séries fleuves sur l'ANPE (l'Agence, sur France 5) ou des Thema sur les ouvriers (Arte, la semaine dernière). France 2 a même tenté une série avec pour héros récurrent un médecin du travail... qui n'a finalement consulté que le temps de trois épisodes. Sur scène, deux projets théâtraux ausculteront l'entreprise dès le mois de mars : Top Dogs, de Urs Widmer, sur la précarité des cadres de haut niveau (1) et Six mois au fond d'un bureau, satire drolatique tirée du livre de Laurent Laurent (2).

Regain. La vulgarisation du thème du harcèlement moral et le succès en librairie d'ouvrages brodant autour de l'horreur économique ont montré que la souffrance due au travail pouvait passionner, et donc être filmée. «La fiction avait déjà fait des incursions dans le monde du travail, nuance