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Libération

Entreprise de destruction

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«Sauf le respect que je vous dois» démontre les ravages du harcèlement.
publié le 13 février 2006 à 20h20

«Je n'ai pas fait une comédie, ça c'est sûr.» Fabienne Godet a fait un film sur le monde du travail et ses souffrances. Sauf le respect que je vous dois, film au caractère polar, montre la vie de François et celle, écourtée, de Simon, tous deux employés dans la même imprimerie, et tous deux harcelés par un patron baragouineur charmeur, vieux beau aux méthodes de management pressantes.

Pour bâtir son scénario, la réalisatrice s'est simplement servie de sa propre expérience d'ex-harcelée. «L'épisode de la cantine par exemple m'est personnellement arrivé», raconte Fabienne Godet. Le patron s'approche de Simon à l'heure du déjeuner pour lui dire à l'oreille, mais suffisamment fort pour que la tablée en profite : «Certains collègues se sont plaints de votre comportement», lui bousillant ainsi le seul moment de détente autorisé.

«Travail de mort». «Quand je suis sorti de la salle, j'ai tout de suite pensé que cette fille devait être une ex-harcelée pour en parler avec autant de justesse», explique Loïc Scoarnec, président de l'association Harcèlement moral Stop (1). «J'ai écouté les autres, observé et beaucoup lu sur le sujet. J'ai aussi piqué quelques anecdotes que mes proches m'ont racontées», ajoute Fabienne Godet. Comme l'entourloupe du patron qui laisse à Simon un ordinateur et une imprimante pour mieux l'accuser de les avoir volés. «Je voulais relater les petits incidents quotidiens», à la manière dont se cristallise le harcèlement moral en entreprise : vacances repoussées ou