Bogota, correspondance.
L'échec de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) n'a pas découragé les Etats-Unis. Faute d'accord global dû à l'opposition de certains pays sud-américains le gouvernement, armé du fast-track, mandat du Congrès qui lui attribue des pouvoirs exceptionnels jusqu'en 2007, multiplie les accords bilatéraux. Après le Chili, des pays d'Amérique centrale et le Pérou, c'est la Colombie qui doit conclure un accord ces prochaines semaines. A des conditions sévères : «Nous allons plutôt signer un traité d'adhésion aux exigences américaines», dénonce un conseiller de l'industrie colombienne.
Colombiens «débutants». La pression des 700 millions de dollars d'aide annuelle, surtout militaire, allouée à Bogota par Washington a en effet facilement eu raison de la résistance des négociateurs locaux. Véritables «bleus», les Colombiens ont passé des journées à attendre leurs vis-à-vis (parfois juste partis chez le coiffeur), écarter un conseiller trop pugnace au goût des Américains, et rabaisser leurs prétentions mois après mois.
La première cible de l'accord négocié dans ces conditions pourrait être la santé des Colombiens. Les groupes pharmaceutiques américains ont indirectement obtenu l'allongement de la durée des brevets de protection de leurs médicaments, et donc le retardement de la sortie de génériques bon marché. Une étude de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) montre que le surcoût interdirait l'accès aux médicaments à 2,5 millions de Colombiens, al