Une femme parle au téléphone. «C'est quand même relativement typique...» Le plan est fixe. «Au début, tout se passe bien.» Le mur est blanc, la blouse de la femme au téléphone aussi. «Troubles du sommeil, angoisse, somnifères, palpitations. II s'est senti glisser. Les arrêts maladie sont arrivés.» On ne saura pas à qui la femme parlait. Mais on sait bientôt qu'on est posé à l'hôpital de Garches (Hauts-de-Seine). Témoin d'entretiens entre des médecins et des salariés, dans des salles qu'on sent étriquées. Où la parole s'écoule pourtant en torrent, d'abord en s'excusant, puis avec des mots qui se bouffent, ou finissent dans les larmes. A Garches, puis aux centres hospitaliers de Nanterre et de Créteil, quatre personnages vont livrer une souffrance intime devant la caméra immobile : celle du travail. Une ouvrière, un cadre, une aide soignante et une commerçante. Face à eux, une psychologue, Marie Pezé, et deux médecins, qui, chacun dans leur hôpital, ont créé des consultations pilotes consacrées à la souffrance au travail. Ils reçoivent des salariés cassés par les nouvelles organisations du travail : l'intensification des tâches, le taylorisme imposé à tous par la peur du licenciement.
Morphine. Le premier tableau de ce documentaire est le plus troublant. Car Madame Alaoui est dynamique. Trop peut-être. Madame Aloui n'a pas peur de parler. Trop aussi. «Et alors, Mme Alaoui, vous parlez toujours aussi vite ?» lui demande la psychologue. Elle s'excuse, elle est venue pour sa doule