L'OPA de Mittal Steel sur Arcelor met les pouvoirs publics belges, luxembourgeois, espagnols et français sur les dents. Comment un Etat peut-il réagir dans le corset des règles de la mondialisation et de l'Union européenne ? Entretien avec Thierry Breton, ministre de l'Economie et des Finances.
Dans l'affaire Arcelor, vous vous faites le porte-parole des stake holders ou «parties prenantes». N'est-ce pas une façon de faire avaler le «patriotisme économique» aux marchés financiers ?
Non. Tous les patrons qui dirigent des entreprises mondialisées savent que l'adhésion de leur environnement, des salariés, des collectivités locales, des Etats à leurs projets est cruciale pour le développement de leurs entreprises et la création de valeur pour leurs actionnaires. Je conteste ce quasi-monopole de parole que se sont arrogé les marchés financiers : une entreprise est beaucoup plus qu'un «placement» ! On avait pendant trop longtemps interdit aux Etats de prendre la parole sous prétexte qu'ils seraient interventionnistes ou carrément ringards. Je me bats pour restaurer la légitimité de la parole publique face au risque d'une économie exclusivement financière. Sinon, on peut aller à la catastrophe.
Mais l'Etat français, que défend-il ?
L'intérêt économique du pays, évidemment. J'ai le devoir de dire ce que je vois de bon ou de mauvais à chaque étape d'une OPA qui intéresse 28 000 emplois, 22 sites et 4 pôles de compétitivité sur notre territoire. Excusez du peu. C'est aussi l'intérêt des a