Charleroi, Liège envoyé spécial
Le Luxembourg bricole à la hâte une loi anti-OPA, la France et l'Espagne s'inquiètent pour leurs emplois. Et la Wallonie, muette, savoure son silence. Depuis que Mittal, numéro 1 mondial, a lancé son OPA sur Arcelor, la région wallonne, qui contrôle 2,5 % du capital d'Arcelor, a été contactée par Paris, Madrid, Luxembourg. «Il s'agissait de constituer un front commun du refus», dit-on au ministère de l'Economie de la région. La réponse a été non. Les sites de Charleroi ou Liège représentent pourtant la moitié des 15 700 employés belges d'Arcelor. Mais on n'entend personne ici brocarder Mittal comme un «vendeur de ferraille» ou le dépeindre en incarnation d'une mondialisation sauvage.
Fermetures. Si Mittal a du mal à revêtir ici le visage du diable, c'est que, pour beaucoup, le pire est déjà arrivé. Guy Dollé, patron d'Arcelor, français, restera l'homme qui a fermé les hauts-fourneaux liégeois et qui a donc éteint la sidérurgie wallonne. En 1998, le groupe français Usinor rachète Cockerill-Sambre à la région wallonne. Cockerill-Sambre : dernier vestige de l'acier local, fusion dans les années 80 de ce qui restait des deux bassins sidérurgiques de Charleroi et Liège. Alors patron d'Usinor, Francis Mer avait fait des promesses de réfection des derniers hauts-fourneaux liégeois. On parlait alors de solidarité francophone face à la mondialisation. Mais en 2003, un an après la fusion entre Usinor, Arbed et Aceralia donnant naissance à Arcelor, l'entre