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Libération

Les vignerons du Languedoc se noient

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Les viticulteurs se sont largement mobilisés hier contre la crise viticole française.
publié le 16 février 2006 à 20h21

Béziers envoyé spécial

Les prêches de l'archevêque de Montpellier qui appelait ses ouailles à manifester y sont-ils pour quelque chose ? Peut-être. Avec 7 000 personnes à Narbonne, près de 4 000 à Béziers, 2 500 à Nîmes, 2 000 à Avignon et quelque 200 à Bordeaux, les organisateurs de la grande journée de la mobilisation des viticulteurs en détresse peuvent être satisfaits. D'autant plus que, une fois n'est pas coutume, aucun incident majeur n'a marqué la journée ­ pour la première fois, à Béziers, un service d'ordre d'une centaine de vignerons a encadré les marcheurs. «Depuis un an, c'est la quatrième fois que je manifeste, confie Jean-Paul, de Servian. Cette manif ? Je n'y crois pas du tout ! La consommation n'arrête pas de baisser, les stocks explosent, et nos prix de vente se sont effondrés. Mais qu'est-ce que vous voulez ? Je vais pas rester chez moi à ruminer mon malheur...»

«Au point zéro». En Languedoc-Roussillon, première région viticole française (représentant 32 % de la production en volume, mais seulement 10 % en valeur), les vignerons se sentent les grandes victimes de la crise que traverse la viticulture hexagonale. Maurice, 54 ans, fait du vin dans le pays d'Enselme (Hérault) depuis trente-cinq ans. En 2003, il a accepté d'arracher cinq hectares. Il ne lui en reste plus que sept. «Je suis au point zéro. Je ne vends plus une goutte de vin. Or, les frais restent les mêmes. Ce mois-ci, après avoir tout payé, je suis de bourre (je me retrouve en négatif, ndlr). Depui