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Libération

Les ouvriers du tabac refusent de se consumer

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publié le 18 février 2006 à 20h23

Orléans, correspondance.

Les employés de l'unité de production et de recherche Altadis de Fleury-les-Aubrais (Loiret) accueillent la nouvelle sans véritable surprise. Le «projet de réorganisation» que leur a présenté en début de semaine la direction ­ ironie du calendrier, le jour de la Saint-Valentin ­ prévoit la suppression de 472 postes en Europe, dont 239 en France. Leur site, qui emploie 248 salariés, devrait voir ses effectifs fondre de 12 % à 15 %. Pour justifier ce nouveau plan social, la direction met en avant plusieurs facteurs, dont l'un pourrait prêter à l'optimisme : la baisse du nombre de fumeurs, motivés par les campagnes antitabac. Sacrifier l'emploi au profit de la santé publique ? Fumer ou travailler, faudrait-il être amené à choisir ? «Nous ne fabriquons pas que des cigarettes, insiste Monique, la quarantaine, arrivée sur le site depuis peu. Il y a ici un centre de recherche qui étudie la plante tabac, comme n'importe quelle autre plante médicinale. Elle aurait des vertus bienfaitrices pour le traitement des problèmes cardiaques.» Elle réfute l'argumentaire avancé par la direction : «La baisse du nombre de fumeurs est un prétexte. Le groupe Altadis se porte comme un charme. Ce qu'il veut, c'est délocaliser la production.» Pourtant, la direction du groupe a des données chiffrées : «Entre 2002 et 2004, les volumes de tabac distribué ont diminué de 27 %, soit près de 24 milliards d'unités en moins.» Mais l'idée d'une délocalisation semble partagée par une gran